La semaine dernière, je vous ai quitté pour participer à un cours de Bachata dominicaine… enfin c’est ce que j’espérais. Quelle ne fut pas ma déception !
Je ne parle pas de ma déception devant le nombre d’hommes manquant à l’appel (femmes 8 – homme 0) m’obligeant à leader compte tenu de mon mètre 80, je ne parle pas non plus de ma déception devant le niveau du cours (pas de base cotés/avant/arrière/demi-tour répétés pendant 1h). Non, je parle surtout de ma déception devant l’absence pure et simple de Bachata dominicaine… Aucun jeu de pieds, ni petits pas qui font toute la difficulté et la beauté de celle-ci.
Le cours terminé, me voilà partie discuter avec notre professeur de Bachata. Il ne semble pas vraiment comprendre lorsque je lui indique qu’en France, nous faisons le distinguo entre Bachata moderne et Bachata dominicaine. Il faut dire que nous nous parlons en fran-glais-pagnol… ça n’aide pas vraiment à communiquer clairement. Mais à l’écouter, la Bachata dominicaine serait simplement plus rapide que la Bachata moderne. Surprenant.
Notre conversation dévie sur ses origines haïtiennes. Ahh Haïti… le berceau du Kompa. Il se réjouit de parler de son pays, de sa danse. Je me réjouis de trouver un danseur de Kompa juste avant la soirée tropicale de dimanche ! Oui mais non… il n’y aura ni Kompa, ni Kizomba, ni Semba, ni Zouk à cette soirée tropicale. Ah non ?! Mais il y aura quoi au juste comme musique des tropiques alors ? De la Bachata, de la Salsa, du Reggaeton et un peu de Merengue. Je lui dis ma déception (encore !) et mon incompréhension. Et en insistant un peu, je finis par apprendre qu’ « on ne danse pas ce genre de danses ici pour éviter les débordements entre les travailleurs locaux et les clientes ». Non mais c’est sérieux ?
Parce que laisser adultes et adolescents boire de l’alcool à toute heure du jour et de la nuit, ça ce n’est pas source de débordements peut être ?!
Pire encore, j’apprends que si toutefois une cliente se retrouve à danser avec un animateur local, celui-ci doit obéir aux règles suivantes : ne jamais la regarder dans les yeux, danser en mode « bal musette » donc bras tendus sans aucune connexion corporelle avec la danseuse et surtout ne pas trop chalouper des fois que la donzelle ne se remettrait pas du mouvement de bassin du beau danseur dominicain au point d’en tomber follement amoureuse sur le champ, voire même de l’épouser privant ainsi le club d’un travailleur…
Voilà la politique du Club aux Tridents !
Je comprends donc mieux l’attitude des deux dominicains qui dansaient comme des Dieux en solo et qui ne savaient manifestement plus danser dès lors que je les ai invité à partager une danse avec moi.
Au delà du fait que cette politique soit salissante pour les danses puisqu’elle sous-entend que la sensualité entraîne nécessairement des débordements, cette politique est d’une mauvaise foi révoltante. Il est clair que la cliente qui veut s’encanailler avec l’animateur local n’a pas besoin de la danse pour arriver à ses fins. Et vice versa d’ailleurs.
Conclusion : si je veux apprendre à danser la Bachata dominicaine, il ne me reste plus qu’à sortir du club pour aller m’enjailler avec les locaux non soumis aux règles archaïques du Club aux Tridents.
Je vous laisse… mon taxi arrive ! 😉
Lor BK
Photo / Saïda kizomba (Lor BK)